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Noisiel : aux urnes citoyens

Cette ville pourrait-elle être un laboratoire de ce courant émergeant :

des listes engagées et citoyennes bien ancrées à gauche ? Diverses tentatives depuis 2002 n'ont pas débouché sur les espérances qu'elles ont fait naitre.

Petits retours et quels enseignements en tirer pour l'avenir.



L'histoire de Noisiel, son tissu associatif, son réseau militant et solidaire n'ont pas eu besoin d'attendre les théoriciens de la révolution citoyenne ou de la révolution verte pour voir émerger une liste citoyenne très clairement engagées à gauche.


2002 : Réveil Citoyen

Après des décennies d'un duel classique droite-gauche dans cette commune, les premières fractures de l'union de la gauche vont donner naissance à une liste qui va décoiffer. Elle est emmenée par un duo de choc : Abdelkrim M et Françoise G. et va se traduire par une campagne intensive qu'on retrouvera rarement dans les échéances suivantes.

A l'époque, Réveil Citoyen fait partie d'un réseau encore embryonnaire dénommé : les listes citoyennes et Motivé-es présentes sur une vingtaine de communes.

Une association est crée dès mi-2001 afin de préparer ce scrutin. Ses buts affichés sont : "promouvoir les valeurs de gauche, la pleine expression du droit des personnes et la participation citoyenne à la vie publique et à la protection de l'environnement". L’association est aussi là pour :"apporter aux élus des listes "réveil citoyen" assistance, conseil et soutien dans la conception et la mise en oeuvre des projets dont ils sont porteurs, permettre un contrôle de ces mêmes élus par les militants du mouvement réveil citoyen. Et faciliter le lien dans les quartiers dans les communes" ...

Une des caractéristiques de cette liste est qu'elle est composé également d'anciens membres de plusieurs exécutifs municipaux sous l'étiquette Vert, PS ou PCF. Des militant-es politiques et/ou associatifs ayant une forte implantation et une réelle expérience. Mais comme le déclarera à l'époque la tête de liste : "Nous n'avons le soutien d'aucun appareil politique".

La campagne se fait autour des « promesses non tenues de 1995 » : les conseils de quartier, le comité consultatif des immigrés... mais aussi la fracture sociale, des quartiers rongés par la précarité. Cette liste est aussi un savant dosage de jeunes et de moins jeunes, issus de tous les quartiers, de la diversité et on y retrouve des catégories socio-professionnelles variées.


En face, la liste du maire sortant (PS) soutenue par le PCF et les Verts verra d'un très mauvais oeil cette rupture du ronronnement unitaire.

Le résultat amènera quelques déceptions dans les plus fervents soutiens mais c'est pourtant un premier exploit réalisé par cette liste qui totalisera un score de 24,32% (4 élu-es).

Par la suite, la bataille au conseil municipal fut rude et on assistera au malaise grandissant des élus et maires adjoints Verts et PCF. Sur la question des sans-papiers qui occupaient un lieu sur la ville, un maire adjoint Vert se verra retirer sa délégation en prenant nettement ses distances avec la politique du PS et de la mairie sur ce dossier. Durant cette période (2003-2004), ayant repris une activité politique, j'ai avec quelques camarades reconstruit la LCR sur cette région. Puis participer à la création du NPA. Nous étions au quotidien aux cotés des sans-papiers.


2008 : nouvelle élection - Nouveau Souffle

Il faut le dire : l'esprit de 2002, l'esprit des listes Motivé-es s'est fortement émoussé. La situation politique a bougé. Très clairement, la notion des 2 gauches développée par le NPA marque les esprits et l'autre gauche hésite. Le PCF est bousculé mais sur Noisiel l'équipe n'est pas prête à risquer de s'aventurer avec la gauche de la gauche. Ce parti reconduira donc l'accord avec le PS dans cette union de la gauche tellement ancrée dans ses gènes. Du coté des Verts, la rupture avec la municipalité les amène à vouloir constituer une liste mais les forces militantes sont faibles et l'ancienne équipe de Réveil Citoyen n'a plus la même dynamique, ni surtout la même audience. C'est tardivement, et par manque de candidats en nombre suffisant, qu'ils répondront positivement à la proposition du NPA. Une proposition minimaliste mais qui permettait au moins de faire une courte campagne. Nous serons donc présents sur cette liste Nouveau Souffle menée par une tête de liste des Verts.

Un programme loin, très loin, des enjeux de la période où les débats à gauche se situent sur les questions de la nature de la gauche après la première année pleine de la présidence de Sarkozy. Laissons la parole à la tête de liste pour mieux comprendre notre positionnement politique du coté du NPA : « Nous serons concrets. Nos priorités sont notamment le nombre de places en crèche, l'adaptation des horaires, le passage des cantines au bio, le prix de l'eau au Val Maubuée et tous les enjeux de développement durable... Nous comptons également affronter les questions de sécurité. »

Pour autant, malgré une campagne courte et corsetée par les Verts, le résultat demeure honorable (17,90%). En baisse, certes, il démontre qu'un courant à gauche, avec une délimitation qui demande des clarifications, existe sur cette ville.


2014 : une année sans

Cette fois-ci, aucune liste ne pourra être présentée. Le NPA a disparu sur la région, la dynamique est cassée. Du coté du PG et du front de gauche, les relations avec le partenaire PCF ne sont pas au beau fixe. Une nouvelle fois, ce dernier privilégiera son ancrage municipal et donc la préservation de ses élus. Les Verts, sous le nouvel emballage EELV, feront également le choix de rentrer dans le rang. Force est de constater que sur la région, l'union de la gauche demeure, pour les appareils, la voie pour se sauver du désastre et se préserver quelques délégations avec les subsides qui les accompagnent. La faiblesse locale du Parti de gauche ne lui permet pas d’être à la tête d'une dynamique.

Cette séquence montre qu'une dynamique appuyée sur les seuls partis ne suffit pas. Il faut un travail sur la longueur en lien avec les populations. J'y reviendrai.


2020 : de réels signes d'espoir

Cette année, non sans difficultés, une liste a pu être constituée : Noisiel Citoyen. Initiée par la France insoumise, elle a tenté de rassembler large avec des personnes non encartées. Pour autant une fois encore, il a fallu tout boucler dans l'urgence. De fortes personnalités, ayant une tendance à se considérer comme indispensables, ont fait prendre du retard et c'est in-extrémis que la liste a été déposée.

Dans la dernière ligne droite, la liste a reçu le soutien du PCF. Ce soutien est important à plus d'un titre : il a crédibilisé la liste, élargi son assise et il a marqué une rupture donnant de réels espoirs pour la suite. Car, sans nul doute, cette rupture avec le PS laissera des traces. Je l'ai écris précedemment, ce parti n'avait jamais rompu l'union, avalant parfois de sacrées couleuvres. Cette fois-ci, ils n'ont pas eu le choix. Ils ont été poussés vers la sortie, le PS préférant introduire des candidats LREM. Une décision loin d'être anodine. Dans toute l’agglomération, les communes emmenées par le PS ont rompu avec leur alliés historiques. Seul EELV, à l'image des errements de cette organisation, depuis que Jadot a été élu aux européennes, a accepté un strapontin. Le choix du PS est éminemment politique puisque les nouveaux élus LREM se retrouvent pour certains maires-adjoint et avec des délégations au conseil de l’agglomération.

Au soir du premier tour, comme à chaque scrutin, le résultat fut une nouvelle fois honorable à 17,98 %. Celles et ceux de l'équipe de Noisiel Citoyen qui pensaient sortir vainqueur ou au moins mettre le maire en ballotage, ont été rappelés à la dure réalité : les raccourcis n'existent pas. Dans une élection municipale, sans implantations et sans interventions régulières entre les scrutins, se faire connaitre dans les 4 semaines précédant l'élection ne suffit pas et ne permettra jamais de conquérir la mairie.


Pour 2026 : s'organiser dès maintenant

"Gagner c'est possible", pour qu'il devienne réalité, il ne peut pas être un simple slogan de campagne quelques semaines.

Les mois à venir vont être décisifs. Une discussion est en cours pour pérenniser et officialiser l'association Noisiel Citoyen. L'enjeu sera, au delà de l'objet de cette association, sa place, son rôle dans la cité tout comme son lien avec les 3 élus. Un autre enjeu de la discussion repose sur la place des organisations politiques dans l'association. Elles ne doivent pas en être exclues. Au contraire, leur place doit être reconnue dans le fonctionnement interne et dans les structures de l'association. Elles gardent bien entendu leur propre fonctionnement, leur propre expression. Une évidence mais c'est toujours mieux de l’écrire.

L'association devra se doter et revoir l'ensemble de ses outils de communication. Il semble utile :

- d'avoir un bulletin régulier (objectif : 3 numéros par an).

-de revoir les outils numériques, le site aujourd'hui étant totalement inadapté,

- de créer un compte twitter

- de revivifier la page Facebook.

- d'harmoniser la communication avec celles de nos amis (le site et le FB du PCF et le FB de la France insoumise).


D'autres débats seront également utiles pour la suite.

La place et le rôle des élus de Noisiel Citoyen : ils représentent l'opposition de gauche à la municipalité. Ils se doivent d’être les porte-voix des exclus, des dossiers non pris en charge ou inachevés et l'expression de la souffrance de la population, si celle-ci n'est pas prise en compte par la majorité.

De mon point de vue, nos élus ne sont pas là pour faire de la représentation. C'est une voie sans issue.

Repenser notre fonctionnement, redéfinir les axes politiques d'interventions sont des sujets que je porterai, avec d'autres dans les discussions à venir.

Il restera le plus difficile : faire de Noisiel Citoyen, avec ce fonctionnement décidé collectivement, l'outil de la population avec une présence régulière pour construire une cité qui défendra la justice sociale, l'écologie, la solidarité, l'égalité, ...


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