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Giscard, bien loin du centre...

Comme souvent lors du décès d’une personnalité, les médias, les politiques - adversaires ou amis-, les commentateurs, couvrent de louanges le défunt.

Avec Giscard, on a été gâté… Multiples focus sur des mesures phares, qui identifieraient son septennat : IVG (loi Weil), divorce par consentement, droit de vote à 18 ans, oubliant que nous sortions à peine du mouvement de mai 68 avec une pression de la rue toujours très présente. Pour mémoire citons deux temps forts des années 73-74 : les jeunes dans la rue en 1973 contre la loi Debré, les mobilisations du MLAC (mouvement pour la libéralisation de l’avortement et de la contraception).

Pas un mot ou presque sur les 3 condamnés qui seront guillotinés sous son septennat. Silence sur sa volonté affichée d'un renvoi massif des immigrés, notamment avec un projet porté par son secrétaire d'état Lionel Stoléru d'organiser le retour forcé de quelques 100 000 Algériens par an pendant cinq ans, soit un total de 500 000. Silence aussi sur le choix de son ministre du budget Maurice Papon entre 1978 et 1981, déjà connu comme l'organisateur du massacre des algériens de Paris le 17 octobre 1961.


En 1974, la guerre d’Algérie est terminée depuis un peu plus de 10 ans et la décision de De Gaulle est loin d’être cicatrisée dans la droite française. Les réseaux de l’OAS continuent d’influencer et d’agir. C’est dans ses eaux troubles que Giscard évoluera en parallèle d’un parcours politique de façade se voulant au centre tout en ayant servi les divers gouvernements gaullistes.


Ses débuts en politique

Intéressons-nous donc au parcours de Giscard. C’est au milieu des années 50 qu’il va commencer à se faire remarquer.

Elu député dès 1956, il va être réélu en 1958 sous l’étiquette du CNIP (centre national des indépendants et paysans). Cette organisation est un conglomérat de petites formations qui cohabiteront en hébergeant des hommes dont les trajectoires politiques sous l’occupation ont été fort disparates. A noter et c’est important pour la suite que le CNIP milite pour l’Algérie française.

En 1958, le CNIP est la seconde force de la majorité derrière l’UNR (les gaullistes). C’est à cette occasion que Giscard côtoiera pour la première fois Jean Marie Le Pen, élu député sous la même étiquette et dans le même groupe parlementaire.

En 1962, le CNIP perdra en influence. Giscard le quittera et créera dans un premier temps un groupe parlementaire "Les Républicains Indépendants" avec 16 autres députés, puis plus tard un parti du même nom. Nous sommes à ce moment là en 1966.


Sur les débuts de Giscard, on retiendra donc qu’il défend l’Algérie française et qu’au sein du CNIP il va côtoyer des figures de l’extrême droite.


Sur la campagne présidentielle de 1974


Une question taraude toujours : l’équipe de campagne du candidat a-t-elle fait appel aux réseaux du GUD et à quelques autres groupes de la même obédience ?

Au final et bien que Giscard s’en défendra, la réponse est oui.

La raison est simple : face à la machine gaulliste bien rodée qui soutenait Jacques Chaban-Delmas, les "Jeunes giscardiens" créés quelques mois plus tôt ne suffisaient pas.

C’est Hubert Bassot un ancien de l’Algérie française qui va bâtir ces passerelles pour le compte du candidat « libéral ».

Répondront présents notamment moult futurs ministres bien connus pour avoir fait le coup de poing au quartier latin dans les années 60.


Dans la tour Montparnasse où se prépare la campagne présidentielle se croisent des anciens de l’OAS et d’Occident. Le journal Minute appelle à voter Giscard. C’est aussi à cette période qu’apparait une femme qui suivra Giscard à l’Elysée et sera son attachée de presse de 1976 à 1981. Elle crée une société de communication « image 7 ». Il s’agit d’Anne Méaux : membre quelques années auparavant d’Occident puis responsable du GUD à Assas, on la retrouve également au comité central du Parti des Forces Nouvelles (PFN) après la dissolution d’Ordre Nouveau en juin 1973.

On ne sera donc pas étonné que pour les collages d’affiches et la sécurité des réunions publiques, les réseaux dissous d’Ordre Nouveau sont régulièrement cités par les historiens de cette période. Ils auraient même été rémunérés. C’est en tout cas ce qu’a affirmé un "mis en examen" lors d’une enquête sur les caisses noires du patronat et notamment de UIMM (le patronat de la métallurgie ancêtre du comité des forges).


Une fois déroulée cette jolie pelote, l’article de Minute en 1978 suite aux législatives prend tout son sens : « Alain Madelin, Gérard Longuet et Hubert Bassot sont les nouveaux élus d’extrême droite par majorité interposée » - CQFD


* La photo du bras d'honneur de Longuet a été capturée sur la chaine Public Sénat le 31/10/2012. Il est alors ministre de la défense et réagit à une demande de reconnaissance des exactions de la guerre d'Algérie comme la torture.

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