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En parenthèse pour 3 semaines…

Vous allumez la radio type France Info. Par erreur, par habitude ou par curiosité, vous zappez sur une chaine d’info TV en continu. Dans les deux cas, vous n’échapperez pas aux reportages sur la saturation des urgences, celle des réanimations, le lot des déprogrammations liés au COVID.



Normal, me direz-vous, c’est la réalité un peu partout sur la planète. Chez nous particulièrement où journalistes et commentateurs se complaisent depuis des mois dans ce bruit de fond et brouhaha permanent comme l’analyse fort bien un journaliste du monde Nicolas Truong dans son article sur l’avènement de la société du commentaire.

Et si je vous encourage à lire cet article du 9 avril, l’objet de ce billet n’est pas vraiment là, même si parfois fortuitement, vous pouvez penser : « ouf heureusement que je me porte bien »


Tout commence le vendredi 12 mars

Il est 23h et cela fait 30 mn que je viens de terminer une visio du "collectif Eau" de Paris Vallée de la Marne. Une journée qui se termine bien, avec un p’tit calendrier de mobilisation pour les jours à venir.

Direction la salle de bain pour le débarbouillage du soir notamment brossage des dents et jet dentaire tout en écoutant France Info (tiens donc). Ils annoncent le reconfinement de l’Italie. Dans ma tête je me dis « Ah merde, ça va aussi nous tomber dessus ! ». Avec une petite pensée pour ma vieille mère et mes petites filles. Pourquoi ? J’en sais rien. Probablement une forme de lassitude car jusqu’à présent, j’ai pu assurer l’essentiel pour ma famille.

Et là, d’un coup, je sens mes jambes se dérober. Je les vois toutes deux bouger – à la manière d’un « twist » style Chaussettes Noires mais sans que je puisse contrôler et sans le rif des guitares -. Je me tiens au lavabo et j’appelle ma compagne.

A dire vrai, au début, je crois même à une petite faiblesse musculaire et m’apprête à lui faire une farce. Mais à son arrivée, force est de constater que les tremblements continuent. J’arrive à m’asseoir, et là, ce sont mes bras qui entament les mêmes mouvements incontrôlés, notamment à droite.

Nos regards se croisent et la même pensée nous envahit : serai-je en train de faire un AVC ? Une possibilité, compte-tenu de mes troubles du rythme. Ma compagne souhaite appeler le SAMU mais tout semble se calmer.

Je me lève, je marche et je retourne à mon bureau. Une fois assis, la lecture à l’écran n’est pas top et mes doigts ne visent pas les bonnes touches.


23h30 : on appelle le SAMU.

Petit rappel de mes pathologies au régulateur (pour celles et ceux qui me connaissent, il s’agit de ne rien oublier), puis au médecin. A ce moment-là, les différents signes ont quasi disparu si on excepte un léger trouble visuel et les touches de mon clavier qui semblent ne pas vouloir rester en place.

Après quelques tests effectués, le médecin déclare : « Je ne pense pas que ce soit un AVC. Vous avez probablement fait une crise de tétanie ou une crise d’angoisse. Mais si ça vous reprend dans la nuit, rappelez-nous, vous êtes enregistré ».

En fait le verdict me rassure sans me rassurer. Ça rassure car déjà on se dit que l’on ne va pas faire un tour aux urgences dans cette période compliquée. Ça rassure car le diagnostic paraît moins inquiétant. Mais inexorablement, mes doigts refusent de trouver les bonnes touches du clavier et un mal de tête s’installe.

Bref comme souvent quand je me suis retrouvé dans ce type de situation, je décide d’aller au lit avec ma philosophie habituelle dans ces circonstances : « Demain est un autre jour »


Un week-end de doutes et d’incertitudes

Tout est rentré dans l’ordre excepté un mal de tête inhabituel chez moi. J’ai envie de croire la toubib mais un doute s’installe. Suite à l’insistance de ma Mie, je décide de prendre un RDV lundi chez mon généraliste.

Deux jours à l’écoute permanente de son corps, du moindre petit détail que bien entendu on amplifie à souhait, juste histoire de faire perdurer le suspense. On est parfois space, on est chiant et on emmerde les nôtres.


Lundi, la rencontre

Il est 19h je suis son avant-dernier patient. Heureusement que je le connais depuis plus de 30 ans ; je lui raconte mon histoire et il m’assène : « la tétanie ça n’existe pas. Tu vas me faire un IRM pour recherche d’un AIT (Accident ischémique transitoire). Voici les noms de deux neurologues si besoin ». Et hop, je repars avec mon ordonnance pour 20 mn de marche jusqu’à la maison. De quoi essayer de se raisonner.


La chasse au RDV(s)

Les deux semaines qui vont suivre seront longues. Toujours à l’affut du moindre signe, et une certitude qui monte : ces symptômes sont le signe d’un petit AVC.

En parallèle, j’appelle une amie qui fait des crises de tétanie. Elle me décrit très exactement des symptômes assez identiques aux miens. Les jambes qui flagellent sans tomber, des tremblements des membres supérieurs, une vision floue, une coordination des mains difficiles et des maux de tête.

Je vais donc me retrouver jusqu’au samedi 27 mars dans l’expectative.

Ce samedi matin, au final presque serein, je prends ma voiture et direction Charenton-le-pont. Un accueil tranquille, et avec la COVID, on attend peu.

Résultat 40 mn plus tard : « Bonjour monsieur, et bien on voit un petit infarctus qui semble bien correspondre à l’épisode que vous nous avez décrit, avec de plus, une petite hémorragie cérébrale. Il vous faut voir au plus vite votre cardiologue et un neurologue. »

On est samedi, je rentre à la maison et il va falloir attendre lundi.

Un week end où il m’a fallu donc digérer le résultat : infarctus et non tétanie et prévoir les différents RDV.

Par chance tout s’est accéléré : cardiologue le lundi et neurologue le lendemain. Pour ce dernier, il faut en urgence explorer plus. D’où un nouvel examen de type IRM, mais cette fois-ci des artères du cou et du cerveau ! Car la lecture du premier ne le satisfait pas.


Le jeudi 1er avril le verdict tombe définitivement

Mon malaise du vendredi n’est ni un AIT, ni un AVC, ni un infarctus, ni un poisson d’avril. Mais au final, j’ai bien des traces d’un infarctus plus ancien qui s’est déroulé on ne sait quand et en mode silencieux.


Et alors, qu’as-tu eu ce fameux vendredi soir ? Et bien nos spécialistes ne se prononcent pas. Doit-on en revenir au diagnostic téléphonique du médecin du SAMU ? Le mystère demeure à ce jour et en fait je ne sais pas si j’ai envie d’affronter ce corps médical souvent bourré de certitudes entre les partisans de la crise de tétanie probable et les tenants que c’est une vue de l’esprit.

Ce que je retiens en tout cas c’est que ce vendredi soir, j’aurai préféré danser le twist sur un morceau des Chaussettes Noires ou de Johnny Haliday et non pas un twist sans son, sans public et sans explication.


Vous vous souvenez surement de ce morceau que m’ont écrit Mike et Riké de Sinsémilia. Le refrain, ce refrain : « tant qu’on va de l’avant, on reste vivant » s’est imprégné en moi depuis la première écoute. Je ne pensais pas que je m’y raccrocherai aussi vite. Ce qui est sûr, c’est qu’après cette parenthèse, je continue à aller de l’avant.

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